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Poètes et résistants
7 mai 2013

Hommage à Germaine Tillion Résistante, Déportée, auteur de "Le Verfügbar aux enfers" Opérette écrite à Ravensbrück!

Germaine Tillion, Ethnologue, Historienne, Résistante déportée à Ravensbrück

 

Née le 30 mai 1907 à Allègre (Haute-Loire) et morte le 19 avril 2008 à Saint-Mandé[1] (Val-de-Marne), est une ethnologue et une résistante française.

La Résistance intérieure

 

germaine tillion 2

De retour en France au moment de l’armistice de 1940, son premier acte de résistance est de donner les papiers de sa famille à une famille juive qui sera ainsi protégée jusqu'à la fin de la guerre. Après les arrestations et les exécutions de Boris Vildé, Anatole Lewitsky, l'arrestation de Paul Hauet (dont elle est l'adjointe dès 1940), Germaine devient, de 1941 à 1942, chef d'un mouvement de Résistance après la guerre connu sous le nom de groupe Hauet-Vildé, plus tard homologué sous celui de groupe du musée de l'Homme. Après la guerre, son rang sera validé par le grade de commandant. Le réseau travaille à l’évasion des prisonniers et au renseignement. Amie des Lecompte-Boinet, elle est en contact avec Combat Zone Nord. Presque tous ses camarades ayant été arrêtés, elle se tourne vers un groupe en relation avec les services britanniques, le réseau Gloria.

Elle analyse que la résistance s'est réalisée dans l'urgence : ce ne sont pas les réseaux qui cherchaient des volontaires mais des volontaires qui cherchaient des organisations. La Résistance devait organiser des évasions, informer la population soumise à la propagande nazie et soutenir les Anglais.

Le Verfügbar aux Enfers

Le réseau Gloria est pénétré par l'abbé Robert Alesch. Germaine Tillion est arrêtée le 13 août 1942, et déportée le 21 octobre 1943 à Ravensbrück. Elle perd sa mère, résistante comme elle, pendant cette période, déportée en 1944 et gazée en mars 1945.

 

germaine tillion

Pendant son internement au camp, elle écrit sur un cahier soigneusement caché, une opérette Le Verfügbar aux Enfers (les « Verfügbar » — verfügbar = disponible — étaient les déportées soumises aux corvées et brimades par refus de travail) où elle mêle à des textes relatant avec humour les dures conditions de détention, des airs populaires tirés du répertoire lyrique ou populaire. Elle sera mise en scène pour la première fois en 2007, au théâtre du Châtelet, à Paris.

Elle évite la mort en échappant à un convoi vers le camp de Mauthausen grâce à une hospitalisation et des complicités. Des négociations entre Heinrich Himmler et le diplomate suédois Folke Bernadotte permettent aux survivantes de Ravensbrück dont Germaine Tillion d'être soignées en Suède.

L'École pratique des hautes études

Après la guerre, elle se consacre à des travaux sur l’histoire de la Seconde Guerre mondiale (enquête sur les crimes de guerre nazis, sur les camps de concentration soviétiques entre 1945 et 1954) puis sur l’Algérie. Elle a soutenu en France l’enseignement dans les prisons. Directrice d’études à l’École pratique des hautes études, elle a réalisé vingt missions scientifiques en Afrique du Nord et au Moyen-Orient.

Guerre d'Algérie

Elle retourne en Algérie fin 1954 pour une mission d’observation et analyser la situation face au risque de guerre. Elle estime que la cause principale de ce qui est en train d’arriver, le début de la guerre, est ce qu’elle appelle la « clochardisation de la population algérienne ». Elle souhaite améliorer l'Algérie et lance en octobre 1955 la création de centres sociaux : « Quand j’ai vu l’énorme épuisement de l’Algérie et l’énorme épuisement financier des familles, j’ai pensé que la seule chose qui était faisable était de nantir les paysans algériens d’un outillage leur permettant de survivre dans une ville, c’est pour ça que j’ai conçu les centres sociaux. Les centres sociaux, c’était un moyen de permettre à ceux qui le voulaient d’accéder à l’enseignement le plus élevé et à ceux qui ne le voulaient pas d’avoir un métier. J’ai considéré que l’on n’avait pas le droit de faire passer une paysannerie à l’état de citadin sans lui offrir un métier par personne. » Elle encourage le développement des centres sociaux jusqu'au début de 1957 quand elle se rend compte que les choses ont changé et que notamment la généralisation de la torture rend impossible tout arrangement.

À Alger, le 4 juillet 1957, elle rencontre clandestinement Yacef Saadi, chef de la Zone autonome d'Alger, (ZAA) durant la bataille d'Alger, à l'instigation de ce dernier, pour tenter de mettre fin à la spirale des exécutions capitales et des attentats aveugles.

Son activité d’ethnologue se poursuit, ses nombreux travaux de recherches au cours de sa carrière au CNRS et à l’EHESS portent sur les sociétés méditerranéennes.

Après l'Algérie[modifier]

Après la guerre d'Algérie, elle s'engage dans divers combats politiques :

  • contre la clochardisation du peuple algérien ;

  • contre la torture en Algérie ;

  • pour l'émancipation des femmes de Méditerranée, qui doivent par obligation économique avoir beaucoup d'enfants mais aussi privilégier les fils sur les filles.

Son séminaire d’ethnologie du Maghreb à l'École pratique des hautes études est resté une référence.

En 1999 elle est élevée à la dignité de Grand-croix de la Légion d’honneur, une parmi six femmes, avec Geneviève de Gaulle, Valérie André, Jacqueline de Romilly, Simone Rozès et Christiane Desroches Noblecourt. C'est Geneviève de Gaulle-Anthonioz qui vient lui remettre sa décoration dans sa maison le 23 décembre 1999.

En 2004, elle lance avec d'autres intellectuels français un appel contre la torture en Irak.

Elle meurt le samedi 19 avril 2008 à son domicile de Saint-Mandé (Val-de-Marne) dans sa 101e année.

 

Affiche_avril

Pensée

Germaine Tillion considère que chacun doit rester vigilant face au mal qui peut revenir: « Au terme de mon parcours je me rends compte combien l'homme est fragile et malléable. Rien n'est jamais acquis. Notre devoir de vigilance doit être absolu. Le mal peut revenir à tout moment, il couve partout et nous devons agir au moment où il est encore temps d'empêcher le pire. » Pour elle le nazisme est l'incarnation du mal.

Germaine Tillion pense que la haine entre deux communautés provient d'un manque d'espace, et que le défi du XXIe siècle est la survie d'une humanité sans cesse grandissante sur une planète aux ressources limitées, ce dont l'homme vient à peine de prendre conscience.

 

Une Opérette à Ravensbrück

 

« J’ai écrit une opérette, une chose comique, car je pense que le rire,

même dans les situations les plus tragiques, est un élément revivifiant.» (G.TILLION)

 

 

 

Contexte historique - La déportation. Diplômée de l’École du Louvre, et de l’institut d’ethnologie, Germaine Tillion réalise entre 1934 et 1940 quatre séjours en Algérie pour étudier l’ethnie berbère des Chaouis dans le cadre de sa thèse. De retour en France au guerre moment de l’armistice de 1940, elle entre en résistance au côté de Paul Hauet et du groupe de Boris Vildé et Anatole Lewitsky. Ils travaillent à l’évasion des prisonniers, aux publications clandestines (Résistance. Bulletin officiel du comité national de salut public) et aux renseignements. Après l’arrestation de ses amis, elle devient le chef de ce que l’on appellera plus tard le réseau de résistance du « Musée de l’Homme Hauet- Vildé », avec le grade de commandant de 1941 à 1942. Dénoncée, Germaine Tillion est arrêtée le 13 août 1942, ainsi que sa mère, écrivain et résistante. D’abord emprisonnée à Fresnes,Germaine est déportée en octobre 1943 à Ravensbrück.

 

 

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Ravensbrück - Le Verfügbar aux Enfers. Affectée au Bekleidung, le service de tri des vêtements issus du pillage nazi arrivant par wagons entiers, Germaine Tillion se risque à un acte de sabotage en refusant l’effort de guerre allemand, dissimulée dans une caisse d’emballage. Là, elle rédige une Opérette-revue pour remonter le moral de ses camarades, fortement entamé, et poursuivre l’acte de résistance à l’intérieur du Camp. Le hasard et la solidarité des détenues la protègent jusqu’à ce que la victoire alliée lui permette d’échapper à la destruction d’elle-même et de son manuscrit. Le «Verfügbar aux enfers» est un document unique dans son genre : il met en scène une autodérision exceptionnelle. Il relève non seulement de la comédie musicale mais du music-hall. Un genre inattendu pour décrire la condition des détenues concentrationnaires. Ce refus délibéré de l’esprit de sérieux est une technique de survie. Ni apitoiement sur soi, ni victimisation, ni héroïsation, mais consacrer toutes ses forces à la survie.

 

Du manuscrit à l'Opérette - La mise en scène. Dans le souci de servir fidèlement cette oeuvre particulière, les metteurs en scène et comédiennes Christelle TARRY et Roselyne SARAZIN ont effectué un travail minutieux de récoltage d'informations, en allant à la rencontre de déportés, d'historiens, d'enfants de déportés, ou de connaissances de Germaine Tillion. Après un voyage à Ravensbrück, plusieurs livres lus, de multiples témoignages et le concours de professionnels compétents, tels que la marionnettiste Hélène Saïd, une adaptation originale du Verfügbar est née, misant sur l’utilisation ingénieuse d’un décor simple: marionnettes de bois, chiffons et papiers incarnant un curieux chef d’orchestre naturaliste et son choeur de Verfügbar.Une Opérette à Ravensbrück - Au Théâtre. Depuis création en 2010 au Biolopin et sublimant la force intacte de cette oeuvre , les comédiennes exposent l’humour comme rempart à la barbarie dans une composition rythmée par des chansonnettes, des danses et des dialogues. D'abord joué dans différentes salles de la région de Franche-Comté, l'Opérette sillonne aujourd'hui la France entière et se plait à dépasser les frontières. Elle est également proposé aux collèges (classes de 3èmes) et aux lycées, comme support au programme scolaire.

Un souffle de fraicheur, d’humour, allié à l’analyse pointilleuse d’une remarquable ethnologue font de cette oeuvre un témoignage étonnant et unique de résistance par le rire.

 

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Commentaires
B
je trouve que quand on parle de la résistance ,on ne parle pas assez des femmes résistante
Poètes et résistants
  • Souvent, la plume a remplacé l'épée! Dans de nombreux pays, des vers chantés ou non ont soulevé des foules! Dans l'ombre parfois, les poèmes furent et sont encore une manière de résister à l'occupation, à la répression à toutes les formes d'oppression.
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