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Poètes et résistants
10 mai 2013

Robert Desnos : Poète, résistant francais mort en déportation en 1945!Témoignage de Georges Charpak parti de Compiègne!

Robert Desnos poète résistant français
 

 

desnos-p65

Robert Desnos en 1924

Robert Desnos est un poète français, né le 4 juillet 1900 à Paris et mort du typhus le 8 juin 1945 au camp de concentration de Theresienstadt, en Tchécoslovaquie à peine libéré du joug de l'Allemagne nazie.

Autodidacte et rêvant de poésie, Robert Desnos est introduit vers 1920 dans les milieux littéraires modernistes et rejoint en 1922 l'aventure surréaliste. Il participe alors de manière éclatante aux expériences de sommeils hypnotiques et publie avec Rrose Sélavy (1922-1923) ses premiers textes qui reprennent le personnage créé par Marcel Duchamp.

Dans les années 1924-1929, Desnos est rédacteur de La Révolution surréaliste mais rompt avec le mouvement quand André Breton veut l'orienter vers le Communisme. Il travaille alors dans le journalisme et, grand amateur de musique, il écrit des poèmes aux allures de chanson et crée avec un grand succès le 3 novembre 1933, à l'occasion du lancement d'un nouvel épisode de la série Fantômas à Radio Paris la Complainte de Fantômas .

Le poète devient ensuite rédacteur publicitaire mais concerné par la montée des périls fascistes en Europe, il participe dès 1934 au mouvement frontiste et adhère aux mouvements d'intellectuels antifascistes, comme l'Association des écrivains et artistes révolutionnaires ou, après les élections de mai 1936, le "Comité de vigilance des Intellectuels antifascistes"

En 1940 après la défaite il redevient journaliste pour le quotidien Aujourd'hui, et dès juillet 1942 fait partie du réseau de Résistance AGIR. Il poursuit ses activités de Résistance jusqu'à son arrestation le 22 février 1944. Il est déporté à Buchenwald et passe par d'autres camps avant de mourir à Theresienstadt (Térézin), en Tchécoslovaquie : épuisé par les privations et malade du typhus, il y meurt le 8 juin 1945, un mois après la libération du camp par les Russes. La dépouille du poète est rapatriée en France, et Robert Desnos est enterré au cimetière du Montparnasse à Paris.

Son œuvre comprend un certain nombre de recueils de poèmes publiés de 1923 à 1943 - par exemple Corps et biens (1930) ou The Night of loveless nights (1930) - et d'autres textes sur l'art, le cinéma ou la musique, regroupés dans des éditions posthumes.

Le surréalisme et les premiers écrits

L'élève se révèle fort doué. Il trouve une famille parmi tous ceux qui se reconnaissent dans Les nécessités de la vie et les conséquences des rêves, ouvrage publié par Paul Éluard en 1921. Voir au-delà ou au-dedans... Desnos s'impose immédiatement par ses exceptionnelles capacités verbales (un flot de paroles intarissable où les mots s'appellent par affinités sonores) et met sa fougue à entrer dans les expériences les plus diverses. Il participe de manière éclatante aux expériences de sommeils hypnotiques, de récits de rêves ou de fantasmes. De fait, « il parle surréaliste à volonté ».

Le rêve, cette porte ouverte sur l'inconnu, Desnos l'a déjà entrebâillée. Durant l'hiver 1918-1919, il avait noté sur son carnet : "Je suis couché et me vois tel que je suis en réalité. L'électricité est allumée. La porte de mon armoire à glace s'ouvre d'elle-même. Je vois les livres qu'elle renferme. Sur un rayon se trouve un coupe-papier de cuivre (il y est aussi dans la réalité) ayant la forme d'un yatagan. Il se dresse sur l'extrémité de la lame, reste en équilibre instable durant un instant puis se recouche lentement sur le rayon. La porte se referme. L'électricité s'éteint."

Dans les années 1924-1929, Desnos est rédacteur de La Révolution surréaliste. Mais il faut bien vivre : il travaillera comme comptable des publications médicales de la Librairie Baillère, écrira sur commande pour Jacques Doucet (De l'érotisme, 1923), deviendra, pendant un moment, courtier de publicité pour un annuaire industriel, puis caissier du journal Paris-Soir.

Les années d'Amour
Yvonne George vers 1928.

Desnos voue alors une passion à l'émouvante chanteuse de music-hall Yvonne George.

Elle est la mystérieuse qui hante ses rêveries et ses rêves et règne sur ses poèmes des Ténèbres. Il l'a probablement rencontrée en 1924. Si l'on en croit Théodore Fraenkel, l'ami fidèle, cet amour ne fut jamais partagé. Il le rêvera plus qu'il ne le vivra, source d'inspiration pour de nombreux poèmes, dont ceux de 1926, dédiés à la mystérieuse. Une occasion pour Desnos de renouer avec le lyrisme. Dès que lui parviennent ces poèmes, Antonin Artaud écrit à Jean Paulhan : « Je sors bouleversé d'une lecture des derniers poèmes de Desnos. Les poèmes d'amour sont ce que j'ai entendu de plus entièrement émouvant, de plus décisif en ce genre depuis des années et des années. Pas une âme qui ne se sente touchée jusque dans ses cordes les plus profondes, pas un esprit qui ne se sente ému et exalté et ne se sente confronté avec lui-même. Ce sentiment d'un amour impossible creuse le monde dans ses fondements et le force à sortir de lui-même, et on dirait qu'il lui donne la vie. Cette douleur d'un désir insatisfait ramasse toute l'idée de l'amour avec ses limites et ses fibres, et la confronte avec l'absolu de l'Espace et du Temps, et de telle manière que l'être entier s'y sente défini et intéressé. C'est aussi beau que ce que vous pouvez connaître de plus beau dans le genre, Baudelaire ou Ronsard. Et il n'est pas jusqu'à un besoin d'abstraction qui ne se sente satisfait par ces poèmes où la vie de tous les jours, où n'importe quel détail de la vie journalière prend de l'espace, et une solennité inconnue. Et il lui a fallu deux ans de piétinements et de silence pour en arriver tout de même à cela. »

Cette mystérieuse, Desnos lui a donné un visage et une voix. Elle est cette Étoile de Mer offerte en 1928 à Man Ray. Elle est celle pour qui la plume du poète laisse couler :

J'ai tant rêvé de toi

Que tu perds ta réalité...

Et voici qu'elle n'est plus. Yvonne George meurt de tuberculose en 1930. Elle n'a que trente-trois ans. Desnos l'aimera désespérément au-delà de la tombe. En 1943, paraîtra l'unique roman de Desnos, Le vin est tiré, où le poète transpose son expérience tragique de la fréquentation d'un groupe d'« intoxiqués ». Ce groupe est centré sur la très belle, et très droguée, « Barbara ». Au fur et à mesure du déroulement du récit, presque tous les personnages sont tués par les drogues qu'il consomment.

Quant à Youki Foujita, avec qui il vit depuis 1930, elle est représentée par la sirène. Partagé entre ces deux amours, l'impalpable et le tangible, Desnos s'est attribué la forme de l'hippocampe. En fait, il n'a jamais tranché et l'étoile est devenue sirène, ce qui se lit dans Siramour.

Rupture avec le surréalisme

C'est en 1929 que s'amorce un changement radical. Certes, on pouvait déjà en sentir les prémices dans The Night of loveless nights et Siramour, mais la corde se rompt là. André Breton est devenu une sorte de Fouquier-Tinville qui agace certains de ses amis. Desnos, auquel ce dernier reproche son narcissisme, est de ces êtres libres qui, jamais, ne plieront devant qui ou quoi que ce soit, fût-ce le rêve du surréalisme. De plus, Breton reproche au poète de faire du journalisme, ce qui est une sorte de tare absolue. Il y a également le fait que Breton veut entraîner les siens vers le communisme et Desnos ne franchit pas cette ligne. On ne l'embrigade pas, on ne l'encarte pas. D'ailleurs, il se sent plus rad-soc.. Dans "La Révolution Surréaliste", le groupe des dissidents  passe alors à l'action. Après avoir réglé leur compte à Anatole France et Maurice Barrès, ils ciblent dans Un Cadavre le Maître, devenu lion châtré, palotin du monde occidental, faisan, flic, curé, ou encore esthète de basse-cour. La querelle est totale, infantile certes, mais mortelle.

 

Résistance et déportation

Pour Desnos, la lutte est désormais clandestine. Le 20 janvier 1940, il écrit à Youki : « J'ai décidé de retirer de la guerre tout le bonheur qu'elle peut me donner : la preuve de la santé, de la jeunesse et l'inestimable satisfaction d'emmerder Hitler ». Dès juillet 1942, il fait partie du réseau AGIR, auquel il transmet des informations confidentielles parvenues au journal, tout en fabriquant par ailleurs de faux papiers pour des Juifs ou des résistants en difficulté. Ses ennemis essaieront d'ailleurs de le faire passer pour Juif, ce qui signifie la mort.

En 1943, il est averti que ce réseau est infiltré (nombre de ses membres furent d'ailleurs dénoncés, arrêtés et déportés), mais il en demeure membre tout en se rapprochant, sous la recommandation du poète André Verdet, du réseau ACTION DIRECTE, créé par Marcel Taillandier.

 Ce jour-là, un coup de téléphone d'une amie bien placée l'avait averti de l'arrivée imminente de la Gestapo, mais Desnos avait refusé de fuir de crainte qu'on emmenât Youki, qui se droguait à l'éther. Interrogé rue des Saussaies, il finit à la prison de Fresnes, dans la cellule 355 de la deuxième division. Il y reste du 22 février au 20 mars. Après d'incroyables recherches, Youki retrouve sa trace et parvient à lui faire porter des colis[15]. Le 20 mars, il est transféré au href="/wiki/Camp_de_Royallieu">camp de Royallieu à Compiègne où il trouve la force d'organiser des conférences et des séances de poésie (il y écrit Sol de Compiègne). De son côté, Youki multiplie les démarches dans de nombreux services de la police allemande et obtient que le nom de Desnos soit rayé de la liste des transports. Mais, le 27 avril, le poète fait partie d'un convoi de mille sept-cents hommes dont la destination est Buchenwald. Il y arrive le 12 mai et repart deux jours plus tard pour Flossenbürg : le convoi, cette fois, ne compte qu'un millier d'hommes. Les 2 et 3 juin, un groupe de quatre-vingt cinq hommes, dont Desnos, est acheminé vers le camp de Flöha, en Saxe où se trouve une usine de textile désaffectée reconvertie en usine pour carlingues de Messerschmitt fabriqués par les prisonniers. De ce camp, Desnos écrit de nombreuses lettres à Youki qui, toutes, témoignent de son ardente énergie comme de son désir de vivre. Le 14 avril 1945 sous la pression des armées alliées, le kommando de Flöha est évacué. Le 15 avril, cinquante-sept d'entre eux sont fusillés. Vers la fin du mois d'avril la colonne est scindée en deux groupes : les plus épuisés - dont Desnos - sont acheminés jusqu'au camp de concentration de Theresienstadt, à Terezin (Protectorat de Bohème et Moravie), les autres sont abandonnés à eux-mêmes.

Theresienstadt, le poète retrouvé

À Theresienstadt, les survivants sont soit abandonnés dans les casemates et les cellules de fortune, soit expédiés au Revier, l'infirmerie. Desnos est de ceux-là. Les poux pullulent, le typhus fait rage.

Le 3 mai 1945, les SS prennent la fuite ; le 8 mai, l'Armée rouge et les partisans tchèques pénètrent dans le camp. Les libérateurs traînent avec eux quelques médecins et infirmiers afin de sauver qui peut l'être encore. Sur une paillasse, en pyjamas rayés, tremblant de fièvre, Desnos n'est plus qu'un matricule.

Dernière photo connue de Robert Desnos au camp de concentration de Theresienstadt, 1945.

Plusieurs semaines après la libération, un étudiant tchèque, Joseph Stuna, est affecté par hasard à la baraque n°1. En consultant la liste des malades, il lit : Robert Desnos, né en 1900, nationalité française. Stuna sait très bien qui est ce Desnos. Il connaît l'aventure surréaliste ; il a lu Breton, Éluard… Au lever du jour, l'étudiant se met à la recherche du poète au milieu de deux cent-quarante "squelettes vivants" et le trouve. Appelant à l'aide l'infirmière Aléna Tesarova, qui parle mieux le français que lui, Stuna veille et tente de rassurer le moribond au péril de sa vie. Desnos a tout juste eu la force de se relever en entendant son nom et de souffler « Oui, oui, Robert Desnos, le poète, c'est moi » Ainsi Robert Desnos sort-il de l'anonymat… Leur a-t-il laissé un dernier poème, comme on le croira ? Rien n'est moins sûr.

Au bout de trois jours, il entre dans le coma. Le 8 juin 1945, à cinq heures du matin, Robert Desnos meurt.

Paul Éluard, dans le discours qu'il prononce lors de la remise des cendres du poète, en octobre 1945 écrit : « Jusqu'à la mort, Desnos a lutté. Tout au long de ses poèmes l'idée de liberté court comme un feu terrible, le mot de liberté claque comme un drapeau parmi les images les plus neuves, les plus violentes aussi. La poésie de Desnos, c'est la poésie du courage. Il a toutes les audaces possibles de pensée et d'expression. Il va vers l'amour, vers la vie, vers la mort sans jamais douter. Il parle, il chante très haut, sans embarras. Il est le fils prodigue d'un peuple soumis à la prudence, à l'économie, à la patience, mais qui a quand même toujours étonné le monde par ses colères brusques, sa volonté d'affranchissement et ses envolées imprévues. »[30]

Robert Desnos est enterré au cimetière du Montparnasse à Paris.

Histoire et mythe d'un « dernier poème »

Après la guerre, est publié dans la presse française un dernier poème de Desnos, qui aurait été retrouvé sur lui par Joseph Stuna

Ombre parmi les ombres
J'ai tellement rêvé de toi J'ai tellement marché, tellement parlé, Tellement aimé ton ombre, Qu'il ne me reste plus rien de toi, Il me reste d'être l'ombre parmi les ombres, D'être cent fois plus ombre que l'ombre, D'être l'ombre qui viendra et reviendra Dans ta vie ensoleillée.
1945

En réalité, ce texte est le résultat d'une traduction approximative à partir du tchèque de la dernière strophe d'un poème de Desnos écrit en 1926 et dédié à Yvonne George : J'ai tant rêvé de toi :

J'ai tant rêvé de toi, tant marché, parlé, Couché avec ton fantôme Qu'il ne me reste plus peut-être, Et pourtant, qu'à être fantôme Parmi les fantômes et plus ombre Cent fois que l'ombre qui se promène Et se promènera allègrement Sur le cadran solaire de ta vie.
Corps et biens, 1930

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"J'ai trouvé ce poème de 1942 dans mon  Lagarde et Michard ( page 349)
Il date de 1942 mais a été intégré dans " Etat de veille" 1943  (Gallimard Editeur)"
nous écrit Margault nièce de François Laporte déporté à Neuengamme et mort à Kaltenkirchen qui est parti du camp de Royallieu à Compiègne comme Robert Desnos.

 

« Demain »

 

Âgé de cent mille ans, j’aurais encor la force

De t’attendre, ô demain pressenti par l’espoir.

Le temps, vieillard souffrant de multiples entorses,
Peut gémir : Le matin est neuf, neuf est le soir.
Mais depuis trop de mois nous vivons à la veille,

Nous veillons, nous gardons la lumière et le feu,

Nous parlons à voix basse et nous tendons l’oreille

À maint bruit vite éteint et perdu comme au jeu.
Or, du fond de la nuit, nous témoignons encore

De la splendeur du jour et de tous ses présents.

Si nous ne dormons pas c’est pour guetter l’aurore

Qui prouvera qu’enfin nous vivons au présent.

 

Robert Desnos, 1942

 

Par ailleurs sur le mur d'entrée du camp de transit de Compiègne Royallieu on peut lire:

 

" Sol de Compiègne,

Terre grasse et cependant stérile

Terre de silex et de craie

Dans ta chair

Nous marquons l'empreinte de nos semelles"

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Voir dans le blog http://argotparisien.canalblog.com/  du même auteur Michel Poullain un recueil de quelques poèmes écrits en argot par Robert Desnos sous le pseudonyme "Cancale". sous le titre "A La Caille" avant d'être arrêté Desnos les avait confie à Pierre Lescure qui les a publié peu avant la mort du poète.

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Déportation par Georges Charpak Prix Nobel de physique

Georges Charpak, prix Nobel de Pphysique en 1992 a été résistant durant la guerre. Arrêté, il est interné dans la prison d’Eysses à Lyon, et de là déporté à Dachau.

« Le 11 juin 1944, soit une semaine après le débarquement, la division allemande « Das Reich » - celle-là même qui s'est ignoblement distinguée dans le massacre d'Oradour-sur-Glane - est venue pour nous déporter en Allemagne, sans doute comme otages. Elle nous a convoyés dans des conditions atroces, en plein été, durant trois jours jusqu’au camp de Compiègne, dont nous sommes partis le 18 juin 1944 pour Dachau.

Le premier trajet en train, à travers la France, et dans un train français nous apprit beaucoup. En particulier à manger toute notre ration dès le départ, car ensuite la soif empêche toute absorption de nourriture. Cette soif terrible, nul ne peut l'imaginer s'il ne l'a connue. Je l'ai découverte là et l'ai retrouvée entre Compiègne et Dachau, dans les effroyables conditions qui nous furent faites alors.

Compiègne était un camp français, organisé et gardé par des Français et à proximité immédiate de la population française. C'est ce qui nous a le plus blessés. Nous y avons été traités et considérés comme des bandits de droit commun alors que nous étions tous des résistants. En juin 1944, c'était insupportable !

Il est inutile de trop s'attarder sur tous ces événements. Bien d'autres que moi ont décrit ces trains qui, sous le torride soleil de l'été, nous ont emmenés en trois jours de Compiègne aux portes de Munich, dans des wagons plombés aux toits métalliques. Je veux simplement dire que dans notre wagon, prévu pour huit chevaux ou quarante hommes, nous étions près de cent et que lorsque nous sommes arrivés à Dachau, aucun d'entre nous n'était mort ou devenu fou, contrairement à ce qui s'est passé dans d'autres wagons d'où l'un de mes camarades, Marcel Miquet, se souvient d'avoir vu retirer huit corps.

Cela a été dû à l'extraordinaire organisation fondée sur la solidarité et l'entraide. Dès le départ, nous avons nommé des responsables, rationné l'eau, organisé des tours pour aller respirer un peu près des ouvertures, nous tassant contre une paroi, massés là à tour de rôle pour permettre à d'autres de s'allonger, etc. Une grande discipline a été respectée et cela nous a sauvé la vie en évitant la panique et les comportements trop égoïstes, voire les crises de folie.

Certains d'entre nous ont même eu la force de faire sourire, voire même rire, les autres. Par exemple, en décrivant puis sifflant une belle fille qui passait dans une gare. Un sursaut de jeunesse et d'humanité qui fit passer dans ce wagon de damnés un inappréciable vent de légèreté et d'optimisme. La vie continuait et un jour nous la retrouverions...

Je veux rendre hommage à mes cent camarades. Quelles qu'aient été nos souffrances, nous ne nous sommes jamais sentis seuls et cela nous a donné la force de tenir. Dans le wagon de Miquet, une botte glissée à l'extérieur lors d'un orage récupéra un peu d'eau de pluie pour les plus insupportablement déshydratés. Plus tard, en gare de Karlsruhe, un civil allemand fit passer une bouteille d'eau par la petite ouverture du wagon d'Arjaliès.

Le train roulait depuis deux jours. Les cent prisonniers de ce wagon étaient totalement assoiffés mais tous ont bu une gorgée et une seule de cette bouteille qui a circulé de bouche en bouche. Aucun n'a faibli. Arjaliès a été le dernier. Après lui, il restait encore deux ou trois gorgées dans la bouteille. Nul dit-il, ne les a bues. Notre solidarité a été extraordinaire. Après trois jours et trois nuits, nos jambes avaient quintuplé de volume, nous étions blêmes et titubants. Mais nous étions vivants. Et moralement soudés. Les hommes qui sont descendus de ce train avaient pris une leçon pour la vie entière. Aucun ne l'a oubliée depuis, j'en suis persuadé.

À Dachau, nous avons été dirigés sur le camp principal. Dès que nous avons vu les camarades qui nous avaient précédés, nous avons compris. On nous a rasés. donné des pyjamas rayés et passés à la désinfection avec un produit jaune ignoble et une brosse en chiendent dont je sens encore la brûlure. Puis on nous a mis dans les baraquements 17 et 19 réservés à la quarantaine. En un tour de main nous étions devenus comme les autres - des matricules. Mon numéro était le 73 251 - mais nous n'avons pas été tatoués. Pendant les jours de quarantaine, nous sommes restés là, désoeuvrés, et enclins à une méditation songeuse sur la condition humaine et la capacité d'organiser la souffrance d'hommes infligée par d'autres hommes. Il y avait là des gosses russes qui comme nous étaient à terrible école. »

Georges Charpak, in Ouvrage collectif « Allach, Kommando de Dachau ».

 

Œuvres de Robert Desnos

  • Rrose Sélavy (1922-1923)
  • Le Pélican
  • L’Aumonyme (1923)
  • Langage cuit (1923)
  • De l'érotisme. Considéré dans ses manifestations écrites et du point de vue de l'esprit moderne (1923), publication posthume en 1953
  • Deuil pour deuil (1924)
  • Les gorges froides (1926)
  • La Liberté ou l'Amour (1927)
  • Les Ténèbres (1927)
  • La Place de l'Etoile (1929), pièce de théâtre publiée dans le quotidien Le Soir
  • Corps et biens (1930)
  • Sans cou (1934)
  • Fortunes (1942)État de veille (1943)

 

  • Le vin est tiré (1943)
  • Contrée (1944)
  • Le Bain avec Andromède (1944)
  • L'Honneur des poètes (1943)
  • Calixto suivi de contrée (1962), publication posthume
  • Chantefables et chantefleurs (1970), publication posthume
  • Destinée arbitraire (1975), publication posthume
  • Nouvelles-Hébrides et autres textes (1978), publication posthume
  • Rue de la Gaité / Voyage en Bourgogne / Précis de cuisine pour les jours heureux, œuvres illustrées par Lucien Coutaud (1947)
  • La Complainte de Fantômas (1954), publication posthume.
  • Le Veilleur du pont-au-change
  • Le Souci (1943)
  • Les hiboux (1938

Robert le diable Aragon Jean Ferrat

 

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Commentaires
B
j aime bien eluard et surtout le poème liberté et sinon la rose et le réséda de Aragon si je ne me trompe pas , <br /> <br /> il y a aussi le pasteur niemoller qui est mort a dachau dont tu pourrait parler et d autres c est une idées que je te donne après tu en fait ce que tu en veux de mon idée <br /> <br /> viens voir mon blog de temps en temps
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