Ballade de celui qui chanta dans les supplices d'Aragon. "Et si c'était à refaire je referais ce chemin..."
Ballade de celui qui chanta dans les supplices d'Aragon
-------------------------
Ce poème a été écrit par Aragon , il est publié en 1943 .
Après des études de médecine Louis Aragon ( 1897 – 1982 ) se tourne vers l'écriture et devient romancier et poète . Il est très engagé politiquement : communiste convaincu , il défend les républicains lors de la guerre d'Espagne et s'implique dans la résistance lors de la Seconde Guerre Mondiale.
Ce poème rend hommage a Gabriel Péri , membre du Comité central du parti communiste français et journaliste a l'humanité , héros de la résistance qui fut arrêté et fusillé par les nazis le 15 décembre 1941 .
Ce poème parle de la capitulation française face a l'occupation allemande .
Ballade de celui qui chanta dans les supplices
Et s'il était à refaire
Je referais ce chemin
Une voix monte des fers
Et parle des lendemains
On dit que dans sa cellule
Deux hommes cette nuit-là
Lui murmuraient "Capitule
De cette vie es-tu las
Tu peux vivre tu peux vivre
Tu peux vivre comme nous
Dis le mot qui te délivre
Et tu peux vivre à genoux"
Et s'il était à refaire
Je referais ce chemin
La voix qui monte des fers
Parle pour les lendemains
Rien qu'un mot la porte cède
S'ouvre et tu sors Rien qu'un mot
Le bourreau se dépossède
Sésame Finis tes maux
Rien qu'un mot rien qu'un mensonge
Pour transformer ton destin
Songe songe songe songe
A la douceur des matins
Et si c'était à refaire
Je referais ce chemin
La voix qui monte des fers
Parle aux hommes de demain
J'ai tout dit ce qu'on peut dire
L'exemple du Roi Henri
Un cheval pour mon empire
Une messe pour Paris
Rien à faire Alors qu'ils partent
Sur lui retombe son sang
C'était son unique carte
Périsse cet innocent
Et si c'était à refaire
Referait-il ce chemin
La voix qui monte des fers
Dit je le ferai demain
Je meurs et France demeure
Mon amour et mon refus
O mes amis si je meurs
Vous saurez pour quoi ce fut
Ils sont venus pour le prendre
Ils parlent en allemand
L'un traduit Veux-tu te rendre
Il répète calmement
Et si c'était à refaire
Je referais ce chemin
Sous vos coups chargés de fers
Que chantent les lendemains
Il chantait lui sous les balles
Des mots sanglant est levé
D'une seconde rafale
Il a fallu l'achever
Une autre chanson française
A ses lèvres est montée
Finissant la Marseillaise
Pour toute l'humanité
Louis Aragon
------------------------------------
Le procès des élus communistes - La loi de déchéance 21 janvier 1940
--------------
"Le Sénat et la Chambre des Députés ont adopté, "Le Président de la République promulgue la loi dont la teneur suit :
"Art.1-Tout membre d'une assemblée élective qui faisait partie de la Section Française de l'Internationale Communiste, visée par le décret du 26 septembre 1939, portant dissolution des organisations communistes, est déchu de plein droit de son mandat, du jour de la publication de la présente loi, s'il n'a pas, soit par une démission, soit par une déclaration, rendue publi que à la date du 26 octobre 1939, répudié catégoriquement toute adhésion au Parti Communiste et toute participation aux activités interdites par le décret susvisé.
"Art.2- Pour les membres des assemblées législatives, la déchéance prononcée par la présente loi est constatée à la demande du Gouvernement par le Sénat ou par la Chambre des Députés. "Pour les membres des autres assemblées, elle est constatée, à la requête du préfet, par arrêté de préfecture.
"Art.3- Tout élu qui est condamné par application du décret du 26 septembre 1939, pour des faits postérieurs à la démission ou à la déclaration publique prévue à l'article premier, est déchu de plein droit de son mandat dans les conditions fixées par la présente loi, du jour où la condamnation devient définitive. "La présente loi, délibérée et adoptée par le Sénat et par la Chambre des Députés, sera exécutée comme loi de l'Etat. "Fait à Paris, le 20 janvier 1940.
Par le Président de la République, Albert LEBRUN.
Le Président du Conseil, ministre de la Défense Nationale et de la Guerre et des Affaires Etrangères, Edouard DALADIER.
Le vice-Président du Conseil Camille CHAUTEMPS.
Le Garde des Sceaux, ministre de la Justice, Georges BONNET.
Le ministre de l'Intérieur Albert SARRAULT.